Cours analyse structure financiere
Cours analyse structure financière
I - Introduction aux marchés financiers
Cette première partie est un panorama des grands principes de la théorie de l'investissement, elle vous permettra de considérer avec plus de recul les décisions d'investissement que vous serez amenés à prendre.
L'investissement boursier peut être effectué à travers une foule de produits différents. Ces instruments financiers sont très nombreux et les financiers en inventent en permanence.
Néanmoins quelque soit la complexité du produit en termes techniques, tous présentent des similarités qui nous permettent d'évaluer avec pertinence leur intérêt en fonction des perspectives d'investissement de chaque personne. Alors qu'une obligation à pour objet d'engendrer des revenus réguliers par le biais du coupon dont le montant et les dates de détachement sont fixées à l'avance, l'action offre une incertitude sur le montant des dividendes futurs ainsi qu'un risque d'effritement de la valeur d'actif qui lui est attachée.
En fait tous les produits financiers peuvent être caractérisés par deux paramètres importants qui sont le risque et la rentabilité, ce couple est indissociable et très fortement corrélé. Un rendement élevé étant souvent synonyme de risque important et vice versa.
Pourquoi investir ?
Qu'est ce qui motive les particuliers ou les entreprises à investir alors qu'ils pourraient dépenser cet argent immédiatement ? Les réponses instantanées à cette question sont l'épargne, le sentiment de sécurité, l'envie de transmettre d'une génération à une autre… Une autre raison est le désir d'accroître son patrimoine, c'est à dire de faire croître cet argent. Cette motivation est réelle dans notre vie, le simple fait d'acheter un ticket de loto augmente (très faiblement) la probabilité d'être riche.
Les décisions d'investissement sont donc multiples, chaque personne ou entité a sa propre motivation. Un grand fonds de pension américain, un retraité ou un jeune actif n'auront pas les mêmes motivations, cependant ils se poseront la même question " quel rendement puis-je attendre en fonction du risque que je prends ? ".
Définition du rendement :
Le rendement est une mesure de la croissance d'un capital, cette valeur est exprimée en pourcentage ceci afin de faciliter les comparaisons. Nous exprimons cette valeur pour une unité de temps donnée, nous parlerons ainsi d'un rendement de x% sur un an.
Le rendement d'une action sur une période de temps t pourra être exprimé de la façon suivante :
Rt = (Vt+1 - Vt + Dt) / Vt
Vt est la valeur de l'investissement en début de période
Vt+1 est la valeur de ce placement en fin de période
Dt sont les dividendes versés au cours de la période
Cette formule très simple permet d'évaluer le rendement d'un placement en actions, cependant ne sont pris en compte que les revenus financiers. Il existe d'autres bénéfices attachés à la possession de cette action comme le droit de vote aux assemblées générales qui eux influent directement sur la valeur du titre (V).
On utilise deux types de moyennes pour mesurer la rentabilité d'un investissement. La moyenne arithmétique vue précédemment, et la moyenne géométrique. Un exemple nous aidera à comparer car les résultats obtenus sont différents :
Exemple :
Soit un titre que l'on achète 500 £ (V0), la rentabilité la première année est de -50%, et de 100% la seconde.
La moyenne arithmétique des rendements est (100-50)/2 = 25 %
La moyenne géométrique est égale à [(1+ (-50))*(1+100)] 1/2 = 0 %
Les résultats sont très différents, dans un cas on gagne de l'argent, pas dans l'autre. Etant donné les multiples horizons d'investissement, la moyenne géométrique est le meilleur moyen d'évaluer la croissance du placement. Néanmoins de nombreux modèles statistiques retiennent la moyenne arithmétique.
Existence d'une prime de risque Si vous aviez investi un dollar en 1925 sur une action américaine de l'indice SP500, votre dollar se serait transformé en 889 dollars 70 ans plus tard. Le même dollar investit dans des obligations d'entreprises américaines vous aurait rapporté 40 dollars.
Cette différence qui se révèle énorme est liée à ce que l'on nomme " la prime de risque ", les risques liés aux actions et aux obligations étant totalement différents. Si on observe les deux courbes, l'une (celle des actions SP500) est beaucoup plus heurtée que l'autre, c'est ce qu'on appelle la volatilité d'un actif financier.
Le risque est bien réel, par exemple entre 1929 et 1939 les actions américaines n'ont pas progressé du tout, la valeur du placement compte tenu de l'inflation était donc négative. Dans le même temps les obligations continuaient tranquillement leur chemin. L'écart de rendement est donc du au risque qu'acceptent de prendre ceux qui investissent en actions, par nature plus volatiles que les obligations. Cet écart est appelé " prime de risque ".
En règle générale on remarque que les épargnants préfèrent un taux d'intérêt plus bas, mais une sécurité de leur épargne initiale, c'est la notion " d'aversion au risque ".
Le concept de risque est difficile à appréhender, nous aborderons dans des leçons ultérieures les techniques permettant de quantifier ce risque et ainsi de comparer des actifs financiers.
Cette première leçon est volontairement très large sur la théorie de l'investissement, vous aurez pu ainsi vous familiariser avec deux concepts clé de l'investissement boursier qui sont le risque et la rentabilité et ainsi commencer à définir votre " aversion au risque ".
II d'analyse financière : Economie et Marchés Financiers
Après une brève introduction sur la théorie de l’investissement la semaine dernière, nous allons étudier cette semaine les grands concepts économiques qui gouvernent les marchés financiers. Cette leçon qui paraîtra rébarbative aux baroudeurs de la bourse, n’est pourtant pas à négliger par les débutants. La compréhension des mécanismes économiques étant une des clés de l’analyse des marchés.
cette partie a pour ambition de vous donner les rudiments économiques nécessaires à la compréhension des informations que vous entendez ou lisez dans les journaux sur la situation mondiale. Pourquoi la réserve fédérale américaine remonte ses taux d'intérêts ? quel est l'impact de l'inflation sur les cours de bourse ? etc. Autant de notions qu'il faut connaître pour aborder au mieux l'étude des marchés financiers.
Des paramètres complexes : Nous pouvons analyser le cours de l'action suivant des facteurs dont la classification est concentrique, tout d'abord il y a les qualités propres de la société qui constitue le premier cercle, le plus rapproché. Ensuite cette société fait partie d'un secteur d'activité spécifique qui influence son comportement. Et enfin toutes ces données évoluent en fonction de paramètres économiques nationaux puis internationaux.
La complexité de l'analyse vient du fait que ces facteurs sont tous interdépendants et que la modification de l'un d'entre eux a des répercussions sur l'ensemble de la chaîne.
Les paragraphes suivants vous proposent donc une vision synthétique des notions économiques élémentaires à connaître pour aborder plus sereinement l'investissement boursier.
Les cycles économiques : L'activité économique est caractérisée par une alternance de phases plus ou moins longues d'expansion et de récession, la croissance économique d'un pays n'est pas linéaire. Ces fluctuations économiques constituent des cycles économiques.
La mesure de ces variations de l'activité économique est réalisée par le biais d'indicateurs, le plus utilisé en France étant le Produit Intérieur Brut (PIB).
L'incidence des cycles économiques sur la bourse est particulièrement importante. En phase de croissance les carnets de commande des entreprises sont pleins, leurs chiffres d'affaires et leurs résultats augmentent et par conséquent leur valorisation boursière aussi.
L’essentiel pour l’investisseur étant de détecter la phase du cycle dans laquelle on se trouve et d’anticiper les retournements de cycles. Cette tâche est loin d’être aisée et sa mise en pratique est complexifiée par le fait que la bourse anticipe toutes les informations.
Le moment théoriquement idéal pour investir est situé en fin de phase de récession avant que la reprise ne soit constatée. C’est à ce moment que les investisseurs conscients du retour à moyen terme d’une phase d’expansion commenceront à anticiper cette future croissance. Les cours de bourse se redresseront donc avant que la reprise ne soit visible.
Inflation et déflation : L'inflation se définit comme un phénomène de hausse permanente et généralisée du niveau moyen des prix. En France l'outil de mesure de l'inflation est l'indice INSEE des prix qui mesure de manière mensuelle, l'évolution moyenne des prix à la consommation.
Chaque pays possède ainsi son propre index qu'il convient de suivre régulièrement. L’indice des prix le plus suivi par les analystes est certainement celui des Etats-Unis, toute hausse de cet indice étant un signe d’inflation, cela entraîne une peur de durcissement de la politique monétaire des états (augmentation des taux d’intérêts), qui est négative pour les cours de bourse.
En période d’inflation la monnaie perd de sa valeur, les consommateurs voient leur pouvoir d'achat diminuer si leurs revenus n'évoluent pas ou si leurs revenus augmentent moins vite que les prix.
Le comportement typique en cas d'inflation élevée est une fuite devant la monnaie. En effet l'argent perdant de sa valeur chaque jour, les consommateurs réorientent leurs flux monétaires vers des actifs résistant à cette érosion.
Les valeurs mobilières font partie de cette classe d'actifs. Généralement les facturations des sociétés suivent l'inflation ce qui a pour conséquence d’augmenter leurs chiffres d’affaires et de tirer leurs cours de bourse vers le haut.
L'inflation est donc bénéfique sur la valorisation boursière des sociétés, mais il ne faut pas perdre de vue que la progression réelle ne sera pas l'augmentation des cours en valeur absolue mais l'écart d'évolution entre les cours de bourse et l'inflation. Si les cours progressent sur une année de 10% avec une inflation de 5%, la hausse réelle est seulement de 5%.
Le phénomène de déflation qui est l'inverse de l'inflation se traduit par une baisse généralisée des prix. Son incidence sur l'évaluation de la bourse est donc négative.
Les taux d’intérêt : On entend souvent parler de " taux d'intérêts ", qu'ils sont trop hauts ou trop bas, que les autorités monétaires vont les modifier, etc. Cependant on ne cerne pas toujours bien sa définition précise.
Le taux d'intérêt est la rémunération que vous êtes en droit d'attendre pour la renonciation à une consommation immédiate.
En clair cela veut dire que si vous ne dépensez pas instantanément l'argent que vous possédez mais que vous choisissez de le placer, la renonciation à cette utilisation immédiate se traduit par un intérêt que l'on vous sert sur votre placement. Suivant la même logique, plus cette renonciation est longue, plus le taux d'intérêt servi est important.
Taux d'intérêt et inflation sont intimement liés, en effet si vous laissez 10000 euros sur votre compte et que l'inflation annuelle est de 5% alors à la fin de l'année vous aurez toujours ces 10000 euros néanmoins en terme de pouvoir d'achat il ne " vaudront " que 9500 euros.
Dans cet exemple un taux d'intérêt de 5% vous permet juste de conserver votre pouvoir d'achat, il doit être supérieur pour rémunérer votre privation de consommation.
En pratique la corrélation entre taux d'intérêts et inflation est quasi totale, quand l'inflation monte les taux montent également et vice-versa.
Influence sur la bourse : Le niveau des taux d'intérêt est d'une importance capitale pour la valorisation des marchés financiers. Les deux produits majeurs négociés en bourse sont les actions et les obligations. On considère que du fait du niveau de risque plus élevé des actions, celles ci doivent offrir un rendement plus important que les obligations, c'est la prime de risque que nous avons vu dans la première leçon.
Afin de bien ajuster le couple rentabilité/risque, les investisseurs comparent en permanence la prime de risque existant entre ces deux actifs financiers et procèdent à des arbitrages entre l'un ou l'autre en fonction du niveau de la prime de risque.
La conséquence d'une hausse des taux d'intérêt entraîne un meilleur rendement des obligations et réduit par-là même le niveau de la prime de risque, les investisseurs se détournent alors des actions pour se placer sur les produits obligataires.
En conclusion il faut retenir qu'une augmentation des taux d'intérêt est négative pour les marchés actions, la baisse des taux les favorisant On comprendra facilement pourquoi le président de la FED a autant d'impact. La FED est une institution indépendante du gouvernement des États Unis, elle est la représentante les banques. Ainsi chaque fois qu’Alan Greenspan prononce un discours, on constate instantanément des mouvements qui peuvent être violents sur les indices boursiers en fonction de ses phrases. Les marchés spéculent même sur ses prochains discours et sur les décisions qu’il serait amené à prendre.
De même, chaque fois que le Dow-Jones avait tendance à consolider ses gains, ce président tout puissant venait annoncer qu'il baissait les taux, et la bourse repartait de l'avant immédiatement.
Les taux de change : Depuis 1971 et la mise en place du système de change flottant les devises des différents pays fluctuent librement en fonction de la loi de l'offre et de la demande. L'arrivée de l'Euro a singulièrement simplifié le problème des changes en liant entre elles plusieurs monnaies. Désormais les monnaies couramment traitées sur les marchés sont peu nombreuses, on trouve surtout le Dollar, le Yen, l'Euro, la Livre Sterling et le franc suisse.
Néanmoins au-delà de cette libre fluctuation, les pays disposent d'armes pour ajuster le cours de leur monnaie par rapport aux autres, l'une d'entre elles est la modification des taux d'intérêts. Une augmentation des taux d'intérêts entraîne une revalorisation du loyer de l'argent, par conséquent, les investisseurs vont acheter cette monnaie en délaissant les autres car sa rémunération est meilleure. La demande de monnaie étant importante celle-ci va augmenter par rapport aux autres.
Cependant cette technique a un revers c'est la baisse du marché boursier, effet que nous avons vu dans le paragraphe sur les taux d'intérêts.
Le deuxième élément important des taux de change est le placement à l'étranger. Imaginons que résident français vous achetiez des actions américaines, au bout d'un an le cours de bourse de cette entreprise a augmenté de 10% et vous pensez avoir fait une plus value. Si le dollar a baissé de 10% par rapport à l'euro, alors votre plus value est nulle. Par ailleurs, si le dollar a augmenté de 5% votre plus value réelle est de 15% (10% + 5%).
Lorsque l'on investit dans des sociétés étrangères il faut veiller à l'évolution de la monnaie et bien l'anticiper auparavant au risque de voir sa plus value annulée par une évolution défavorable du taux de change.
III. Cibler son approche :
Le temps est compté : Toute décision d’investissement raisonnable repose sur une étude préalable, étude dont les résultats on donné un signal clair qui permet à l’investisseur de penser que telle ou telle entreprise est sur ou sous évaluée et par conséquent qu’il peut acheter ou vendre les actions de ces entreprises.
Cependant dans le processus de décision utilisant l’analyse financière ou fondamentale, la phase d’étude préalable est longue et la quantité d’informations nécessaires à une analyse de qualité rend cette étude impossible pour tous les titres de la cote.
Il faut donc prendre en compte cette donnée pour effectuer un premier débroussaillage qui aboutira à une sélection restreinte de valeurs.
Importance de l'analyse sectorielle : Commencer par une étude sectorielle permet de faire ce premier tri. En effet tous les secteurs présentent des différences dans leurs développements, certains seront plus sensibles à la conjoncture économique et on parlera de secteurs cycliques, alors que d’autres seront des secteurs de croissance moins influencés par ces errements économiques. Quelques secteurs sont représentés ci-dessous avec leur sensibilité principale.
Quel que soit le choix de l’investisseur, une fois qu’il aura focalisé son attention sur un secteur particulier il pourra s’intéresser en profondeur aux valeurs qui le composent. Ces valeurs présentant souvent des caractéristiques proches en terme de sensibilité aux facteurs extérieurs, il sera plus facile de les départager sur leurs comptes et leurs résultats.
Le raisonnement des professionnels est exactement le même, mais la dichotomie opérée pour sélectionner les valeurs se base sur un champ plus large. Ils détermineront tout d’abord le marché le plus porteur en terme géographique (Europe, Etats-Unis, pays émergents...), puis le secteur et enfin les valeurs à l’intérieur de ces secteurs.
La baisse des coûts de transaction sur les marchés étrangers a facilité leur approche pour des investisseurs non résidents, cela permet aux particuliers de jouer finement sur leurs allocations d’actifs. Et la frontière avec les professionnels à tendance à s’estomper.
Tout comme pour le choix des valeurs, le choix d’un secteur d’activité que l’on connaît facilite la compréhension des mécanismes qui le dirigent. En effet dans le domaine de l’investissement les idées les plus simples sont souvent les meilleures.
Il ne sert à rien de s’enticher du secteur des hautes technologies si on est complètement hermétique à ces technologies, certaines données nous échapperons alors et nous ne maîtriseront pas les éléments qui ont une influence sur les cours.
Une fois que nous aurons défini les secteurs les plus porteurs nous pourront nous intéresser aux valeurs qui les composent, ceci fera l’objet de la prochaine leçon. Nous verrons une méthode d’approche globale qui permet de se faire une idée solide d’une société avant de se lancer tête baissée dans les comptes.
IV. La dernière sélection
Après avoir sélectionné quelques secteurs - ou thèmes d’investissements - vous avez donc une poignée de valeurs susceptibles d’être acquises pour rentrer dans votre portefeuille.
Avant de se lancer tête baissée dans les rapports d’activité et de commencer de longues et fastidieuses analyses des comptes de chaque société, il convient de se poser quelques questions de base qui vous permettront d’éliminer encore quelques valeurs de l’analyse finale. Pour cela nous vous présentons ci-dessous une série de thèmes types qui vous simplifieront la démarche.
Connaître et comprendre les produits vendus : Le choix d’une valeur plutôt qu’une autre repose souvent sur un fort rapport émotionnel avec les produits de l’entreprise. Il faut donc s’intéresser de préférence à des activités économiques que l’on connaît et dont on maîtrise les circuits. Une activité simple (la banque par exemple) est plus facile à cerner que l’activité qu’on ne comprend pas bien, d’une start-up de nouvelles technologies.
Les meilleures idées sont souvent les plus simples, n’oublions pas que nous allons être à l’affût des nouvelles concernant la société que nous aurons mise dans notre portefeuille. Il faudra être en mesure de les comprendre et de pouvoir en tirer des conclusions quant à l’évolution de notre poulain.
Un leurre très fréquent survient à l’égard des sociétés intervenant sur des marchés très porteurs (Internet actuellement), souvent les marchés ont anticipé le futur et les plus values annoncées ne sont pas forcément au rendez-vous. Il vaudra mieux se placer sur un secteur traditionnel actuellement délaissé, les retournements de tendance ou de cycle étant souvent violents.
La taille de la société : L’économie moderne et la globalisation des échanges mondiaux ont favorisé le rapprochement des sociétés et la constitution de géants mondiaux, ces valeurs que l’on appelle les " blue chips " sont souvent acquises pour constituer un fonds de portefeuille. Leurs performances boursières sont généralement dans la moyenne du marché, elles offrent une sécurité relativement importante mais aussi une certaine inertie.
A côté de ces mastodontes cohabitent des sociétés de taille modeste, il est bon de s’y intéresser car leur situation est rarement pérenne. Sous la pression concurrentielle, deux choix s’offrent à elles : le rapprochement avec un grand groupe ou leur disparition du marché.
Les stratégies boursières seront donc différentes en fonction de la place occupée par l’entreprise sur son marché. Si on veut minimiser le risque on se contentera des grandes valeurs, par contre on pourra s’intéresser aux sociétés de taille modeste dans une optique plus spéculative, consistant à parier sur une croissance très rapide ou un rapprochement avec un grand groupe.
Les matières premières : Chaque entreprise consomme des matières premières pour sa production, les fluctuations du prix de ces matières influencent donc plus ou moins le cours des sociétés concernées.
Certaines sociétés sont très dépendantes des matières premières, c’est le cas notamment de tous les producteurs de matières (papier, or, pétrole...) dont le cours de bourse est très fortement corrélé à l’évolution des cours de ces produits. Ces entreprises ne maîtrisent pas du tout leurs prix de vente et les investisseurs les jouent souvent comme des vecteurs multiplicateurs des cours des matières premières.
Pour les autres sociétés le prix de ces matières premières influence le prix de leurs produits finis de manière moins directe, mais affecte quand même leurs marges. En fonction des stocks constitués par l’entreprise et de la rapidité d’adaptation du prix du produit fini à ces fluctuations de cours l’effet se fera plus ou moins sentir sur les marges.
De même, l’envolée du cours des approvisionnements n’est pas toujours un facteur négatif pour l’entreprise. Par exemple, une augmentation des cours du brut favorisera le cours des sociétés pétrolières mais affectera celui des sociétés grosses utilisatrices de cette matière (papetiers, cimentiers... dont la demande en énergie est importante).
Le circuit de production ainsi que les matières employées et leur cours doivent être suivis avec attention par l’analyste pour adapter au plus juste l’évaluation de la société.
Les devises : L’évolution du cours des devises influence assez fortement les résultats des entreprises. Il faut savoir que la monnaie de référence pour de nombreuses transactions internationales reste le dollar. On achète et on vend des Airbus et du pétrole en dollars et non en euros. Hormis si l’entreprise importe ou exporte uniquement dans la zone Euro, l’évolution du dollar aura un impact sur les sociétés.
Suivant que la société exporte ou importe des produits, l’évolution de la monnaie aura des conséquences différentes. Si le cours du dollar est en hausse par rapport à l'euro, une société française qui importe des matières premières sera pénalisée par cette augmentation. Pour la société exportatrice c’est l’inverse qui se produira puisque ses produits coûteront plus cher en monnaie nationale, elle sera donc favorisée. Une baisse de la monnaie de transaction aura des conséquences inverses.
Par contre si la société effectue toutes ses transactions en dollars (achats et ventes), l’évolution de la monnaie de transaction aura un impact très faible sur les comptes.
Il sera donc intéressant de se renseigner sur les marchés de la société (Europe, monde... ) ainsi que sur les habitudes de paiement et de règlement.
Les activités de l'entreprise : Le dernier point sur lequel nous porterons une attention particulière est l’organisation de l’activité de l’entreprise, cela nous sera précieux pour aborder l’analyse des comptes de la société.
On assiste depuis quelques années à un retour " sur les métiers de base " c’est à dire que les entreprises qui avaient eu tendance à se diversifier dans toutes sortes d’activités, on rationalisé cette pléthore d’activités pas toujours complémentaires pour se recentrer sur leur métier d’origine. Ce phénomène est d’autant plus important dans les secteurs ou les investissements de base sont conséquents.
Il nous faudra dresser un bilan de toutes les activités de l’entreprise pour avoir une image fidèle de son activité réelle. Dans le cas d’une véritable diversification, l’évaluation de l’entreprise est rendue plus complexe par le fait que chaque activité peut être analysée différemment en fonction du secteur auquel elle appartient. De plus la différence de métiers entre plusieurs activités est très difficile à gérer et les synergies sont délicates.
L’activité unique, si elle est plus saine du point de vue de l’analyse, n’est pas sans présenter des lacunes stratégiques. Cela entraîne une sensibilité et une vulnérabilité assez importante, l’exemple en est donné avec les entreprises de bâtiment ou de l’automobile qui du fait de leur mono-activité subissent de plein fouet les fluctuations des cycles économiques, il n’y a pas d’activité complémentaire qui pourrait jouer un effet tampon sur en cas de récession.
Nous éviterons autant que possible les entreprises trop diversifiées et nous nous tournerons plutôt vers celles qui ne font qu’un métier. Si nous voulons diversifier nos investissements entre plusieurs activités, à ce moment là, il vaut mieux multiplier les lignes d’actions au sein de son portefeuille, nous investirons ainsi sur plusieurs spécialistes plutôt qu’un seul généraliste.
V. La lecture du bilan
Une fois par an, généralement le 31 décembre les sociétés arrêtent leurs comptes et produisent les documents comptables de synthèse. Ces documents qui comprennent le compte de résultat, le bilan et les annexes retracent l’activité de la société pour l’exercice considéré (en principe du 1er janvier au 31 décembre) et dressent la situation patrimoniale de l’entreprise à la date d’arrêté des comptes. Dans les grandes entreprises il se peut que ces documents soient réalisés plusieurs fois par an, chaque trimestre ou semestre.
C’est à partir de ces documents que nous ausculterons les comptes de la société pour déterminer ses forces, ses faiblesses et une valorisation théorique qui nous permettra de nous positionner ou non sur la valeur. Ces informations essentielles pour réaliser cette analyse financière peuvent être trouvées auprès de nombreuses sources : rapports annuels des sociétés, sites Internet des entreprises, etc.
Cette leçon sera consacrée à l’étude du bilan, nous l’aborderons de façon simple, de manière à ce que vous puissiez réaliser une étude relativement rapide et vous faire une idée solide de la société étudiée sans tomber dans les pièges principaux. Nous aborderons des aspects plus techniques et complexes dans une leçon ultérieure.
Qu'est-ce qu'un bilan ?
Le bilan est la situation patrimoniale de l’entreprise à un moment donné, il recense les ressources de la société et les emplois de ces ressources. Il se présente en deux parties, l’actif et le passif. Le schéma suivant est une vue synthétique des grandes lignes du bilan.
…
Nous voyons que le bilan peut se décomposer en cinq grandes catégories, deux à l’actif : l’actif immobilisé et le circulant, trois au passif : les capitaux propres, les provisions et les dettes. Le total de l’actif est toujours égal au total du passif.
Où focaliser notre attention ?
Nous allons passer en revue les différents éléments sur lesquels nous devrons nous focaliser, ils sont déterminants pour se faire une bonne idée de la société étudiée, même si l’analyse peut être plus poussée nous commencerons par ces postes afin de vérifier la cohérence générale des comptes de la société.
Les immobilisations
Les immobilisations sont les biens ou valeurs destinées à rester durablement sous la même forme dans l’entreprise.
Ce poste mérite d’être étudié avec soin, car certains biens inscrits en immobilisations peuvent y figurer pour une valeur qui ne correspond pas à la réalité. C’est le cas par exemple d’un bâtiment qui peut valoir beaucoup plus que son évaluation au bilan si le marché immobilier s’est apprécié. Cela peut également être le cas des participations financières dans des sociétés qui ne sont pas réévaluées en fonction du cours de bourse des titres détenus.
Il convient donc de vérifier la valeur réelle des biens inscrits au bilan et si nécessaire de les réévaluer pour obtenir une image plus proche de la réalité.
Les stocks
Un stock coûte cher à l’entreprise, chaque euro de stock correspond à un euro de financement. Le réflexe logique et de compresser le plus possible le niveau des stocks, ce qu’on fait les entreprises en mettant en place des règles plus rationnelles de gestion des stocks. L’objectif est que le stock tourne vite, voire de travailler à flux tendus. Nous pourrons calculer la vitesse de rotation des différents stocks avec les formules présentées ci dessous :
…
Tout comme les immobilisations, la valeur des stocks inscrite à l’actif peut être sensiblement différente de sa valeur réelle. Notamment quand il s’agit de stocks de matières premières dont un les fluctuations peuvent être importantes (cas du pétrole par exemple), dans ce cas il faudra les réévaluer correctement.
En fonction du niveau des stocks et de leur variation d’une année sur l’autre, nous nous poserons certaines questions : pourquoi les stocks augmentent ? L’entreprise a du mal à vendre sa production ? anticipe-elle des augmentations du prix des matières premières, etc.
Les disponibilités
Dans cette catégorie on trouve les instruments financiers de gestion de trésorerie de l’entreprise (SICAV) mais surtout le montant des comptes bancaires. En fonction du niveau des liquidités par rapport à la taille de l’entreprise il faudra répondre aux questions suivantes : pourquoi l’entreprise garde-elle autant de liquidités ? Elle n’a pas de projet d’investissement ? Elle prépare une opération de croissance externe ? (rachat d’une entreprise) Pourquoi ne diminue-elle pas son endettement ? Pourquoi ne sont-elles pas placées ?
En fonction des secteurs économiques, il faudra moduler notre point de vue. Certains secteurs en sont très gourmands, les entreprise industrielles sont de celles là du fait des investissements importants consentis et du poids des intérêts. Les entreprises de la grande distribution se situent à l’opposé, elles sont payées comptant par leurs clients et paient leurs fournisseurs avec des délais relativement longs, ces décalages entre les décaissements et les encaissements créent afflux de trésorerie.
Les fonds propres
Les fonds propres sont un peu plus larges que les capitaux propres représentés sur le schéma dans le sens ou ils incluent des éléments tels que les titres participatifs ou les avances conditionnées, nous ne rentrerons pas dans ces détails pour cette première approche.
Les fonds propres sont les fonds remboursables en cas de difficulté, après désintéressement de tous les autres créanciers. C’est un poste très important qui représente la situation nette de l’entreprise. Parfois dans le cas de lourdes pertes il arrive qu’il n’y ait plus de fonds propres, la solvabilité de l’entreprise ou sa capacité à faire face à ces créanciers est donc nulle.
Il faudra ici aussi, relier directement le niveau des fonds propres au secteur d’activité, la grande distribution vue plus haut est traditionnellement peu dotée en fonds propres du fait qu’elle n’a aucun besoin en fonds de roulement.
La première observation sera de comparer le niveau des fonds propres et le niveau des immobilisations, les fonds propres doivent couvrir les immobilisations. La différence entre les deux s’appelant le Fonds de Roulement. Si vous ne devez retenir qu’une seule règle c’est celle là :
Fonds de Roulement = Fonds Propres - Immobilisations
Les emplois durables de l’entreprise (immobilisations) doivent êtres financés par des ressources durables (fonds propres).
Les provisions
Les provisions sont des charges calculées par l’entreprise et inscrites au passif du bilan en prévision d’aléas (pertes) futurs sur certains éléments de son activité. Ainsi on constitue des provisions pour des risques de paiement encourus sur certains clients douteux ou des risques sur certains pays émergents. Cela revient à constater aujourd’hui une charge dont l’origine est actuelle mais qui sera effective plus tard. Nous reparlerons des provisions et de la façon de les retraiter dans le chapitre consacré au compte de résultat.
Les dettes
Le niveau des dettes contractées par l’entreprise est important, mais c’est surtout la capacité de remboursement de ces dettes par l’entreprise qui est primordial. Cette capacité peut se mesurer au travers du ratio suivant :
Fonds propres |
Fonds propres + dettes à moyen et long terme |
Plus ce ratio est élevé, plus la société sera apte à faire face à ses dettes. De plus cela voudra dire que la société dispose encore d’une capacité d’endettement disponible, elle pourra donc y faire appel en cas d’opération de croissance externe ou d’investissements.
Cette leçon devrait vous permettre de commencer à regarder les bilans des entreprises, de mieux comprendre certaines notions et de commencer à porter quelques jugements. La prochaine leçon sera complètement opérationnelle puisqu’elle sera consacrée aux ratios d’analyse financière utilisables sur un bilan.
VI. Ratio et grandeurs du bilan
Vous connaissez désormais la structuration d’un bilan ainsi que les grandes masses qui le compose. Nous allons rentrer à présent dans les détails et aborder l’étude des ratios propres au bilan.
Avant de se lancer dans leur présentation il convient de définir certaines grandeurs caractéristiques du bilan qui nous serons utiles pour le calcul. Ce sont par ailleurs des notions à connaître, notions que l’on retrouve dans de nombreux articles de presse et qui sont souvent floues pour les lecteurs.
La décomposition qui en est donnée ci-dessous vous permet de les calculer à l’aide d’un bilan, pour cela il vous suffit de reporter les montants du bilan dont les intitulés suivent.
Il faut garder à l’esprit que dans toute analyse financière basée sur les ratios, c’est l’ordre de grandeur qui compte ainsi que l’évolution sur plusieurs années.