Formation a propos des couts de transaction et l'economie institutionnelle
Formation a propos des coûts de transaction et l'économie institutionnelle
1. INTRODUCTION
Aujourd'hui, nous parlerons des coûts de transaction et de l'économie institutionnelle. Le sujet ne concerne pas exclusivement le développement – comme toute théorie économique, le sujet a une application universelle. Ce sont les différentes contraintes sur les résultats qui caractérisent les problèmes de développement, et non la nature de la théorie sous-jacente.
Les coûts de transaction et l'économie institutionnelle sont deux noms pour des concepts fort similaires et, bien que nous les distinguerons plus tard, ce n'est pas très important. Les économistes utilisent les deux termes de manière interchangeable, il n'est donc pas vraiment nécessaire d'essayer de les séparer. Les deux se réfèrent à une extension majeure de la théorie économique traditionnelle, à un tel point que certains pensent qu'ils représentent un nouveau paradigme. Nous commençons par examiner ceci un petit peu. Vous pourriez désirer tourner la page maintenant et noter votre idée de ce qu'est un paradigme. Alors lisez ceci.
- Un paradigme est un cadre conceptuel, une vision confirmée, une manière d'expliquer les choses, un groupe de théorie et d'idées qui ont une certaine cohérence.
Ce qui est appelé le paradigme économique "néoclassique", que l'on peut retrouver depuis Adam Smith en 1776, a bien passé le test du temps, mais même ses adeptes les plus ardents reconnaissent qu'il doit se modifier avec les époques. Summers a dit:
- "Le monde d'Adam Smith était fait de produits manufacturés quelconques* et de blé, non de McDonalds et de Microsoft. Nous n'avons pas de manière de pensée sur les profonds changements de la vie économique entraînés par la technologie de l'information et le développement de l'industrie des services."1
Le modèle économique néoclassique non réformé s'est avéré durable en partie parce que les économistes ont été conservateurs dans leur utilisation de la théorie et appréhendaient le changement.
Néanmoins, certains signent montrent qu'un changement de paradigme est en cours. Un des nouveaux paradigmes est appelé la Nouvelle économie institutionnelle (NEI), et nous nous intéressons à un modèle compris dans celle-ci, le modèle de l'Economie descoûts de transaction. La NEI voit le monde économique comme dominé par les organisations. Plutôt que de se concentrer juste sur les marchés, beaucoup de relations entre agents économiques sont considérées, dont les marchés ne sont que des exemples.
Parce qu'il se développe encore, le modèle des coûts de transaction n'est pas aussi précis ni tant opérationnel que l'économie néoclassique. Il est particulièrement utile parce qu'il aide à expliquer l'intégration de l'agriculture, de la transformation et du commerce de détail qui prend place aujourd'hui dans beaucoup de pays.
Nous nous penchons d'abord sur la théorie des coûts de transaction et ensuite sur certains exemples de changements de l'industrie agroalimentaire dans différents pays. Vous pouvez préférer passer d'une partie du chapitre à l'autre, plutôt que de tout lire à la suite.
Les coûts de transaction apparaissent dans deux types de modèles. Nous allons les appeler simplement Types A et B.
Types A et B
- Les modèles du type A acceptent la notion d'une économie de marché qui tend vers l'équilibre, mais introduit les coûts de faire du commerce sur les marchés. Ces coûts sont appelés coûts de transaction.
- Les modèles du type B intègrent également les coûts de transaction, et ressemblent dont parfois au type A. Cependant, les modèles du type B rejettent l'idée d'équilibre.
Malheureusement, les types A et B sont parfois considérés en bloc sous l'appellation de "Nouvelle économie institutionnelle". Vous pouvez distinguer le type A du type B en considérant les hypothèses sous -jacentes. L'économie néoclassique traditionnelle est basée sur trois hypothèses. Si vous avez déjà fait de l'économie, tournez la pagemaintenant et voyez si vous pouvez les écrire. Par exemple, si vous avez déjà entendu parler de "l'offre et la demande", quelles sont les hypothèses sous-jacentes?
Les trois hypothèses sont:
- Les agents économiques agissent rationnellement pour maximiser leurs objectifs
- Ils agissent avec une connaissance parfaite (par conséquent, comme nous allons le voir, il y a zéro coûts de transaction)
- Les interactions, systèmes, marchés, ou quoi que ce soit d'économique ont tendance à se diriger vers l'équilibre à cause de la loi des rendements décroissants.
Sur base de ceci, nous pouvons construire des théories qui permettent d'équilibrer les forces de l'offre et de la demande à travers le mécanisme du prix. Ces théories se sont avérés très attractives pour les économistes et politiciens, comme l'a montré le chaos économique survenu dans les pays communistes en 1989-91! Une fois que les décideurs politiques pensent que "les marchés sont merveilleux", et que la meilleure chose pour les gouvernements est de les laisser faire, c'est littéralement chacun pour soi. L'expérience de 1989-91 a confirmé les leçons des politiques d'ajustement structurel des années 1980, comme quoi les marchés sont souvent imparfaits. Les coûts et bénéfices externes, les forces de monopole, et d'autres "imperfections" signifient que les forces de marché en elles-mêmes ne sont pas une manière satisfaisante pour un gouvernement de traiter la politique économique.
Et les coûts de transaction sont une autre raison pour laquelle les forces de marché ne peuvent pas bien fonctionner par elles-mêmes.
Maintenant, retournons aux trois hypothèses et rappelons-nous deux types de modèles de coûts de transaction, type A et type B.
Le modèle de type A accepte la première et la troisième hypothèse, mais pas la seconde. Plutôt d'avoir chaque personne connaissant tous les prix et opportunités de marché, l'incertitude règne. Ceci rend la vie plutôt difficile pour les agents économiques et pour les économistes essayant de les comprendre, comme vous pouvez l'imaginer! La question est,
- Si la seconde hypothèse ne tient pas, que peut-on faire pour réviser le modèle néoclassique de telle manière qu'il soit toujours opérationnel?
Une partie de l'incertitude est traitée en utilisant ce qui est appelé les techniques de "gestion du risque". Par exemple, plutôt que de savoir avec certitude que le prix d'un produit est de £12, nous pouvons être capables de supposer que les agents économiques agissent comme si le prix était de £12, avec une variance de £3. Un autre exemple est: un investisseur peut calculer le rendement d'un investissement, et alors voir ce qui se passe si les coûts sont de 10% supérieurs et les prix du produit 10% inférieurs. Cette sorte de technique de gestion du risque est appelée "analyse de sensibilité".
Toutes les techniques de ce type se reposent sur une connaissance minimale des marchés et les prix, même si elle n'est pas parfaite. A vue de nez, au moins l'état des connaissances est parfait, au moins le modèle de l'économie néoclassique sera applicable.
Un domaine majeur de l'incertitude concerne les échanges. Trouver les acheteurs et vendeurs, tomber d'accord sur un échange, et s'assurer qu'il est honnête et franc, voilà des domaines importants d'incertitude, et les modèles économiques de type A les traite en introduisant les coûts de transaction, comme nous l'avons remarqué plus haut. Nous verrons le modèle particulier de type A, connu comme "l'économie des coûts de transaction" plus loin.
Les modèles de type B
Les adeptes du type B relâchent également l'hypothèse de "connaissance parfaite" et sont heureux d'incorporer les coûts de transaction. Cependant, ils vont plus loin et argumentent qu'une fois qu'un monde incertain est reconnu, la première hypothèse doit aussi être abandonnée. Les agents économiques, selon eux, sont rationnels mais rarement des maximisateurs. La plupart des personnes essaient d'atteindre un niveau satisfaisant plutôt qu'un niveau maximal dans leur vie. Pour utiliser le jargon, les agents économiques sont des "satisfaiseurs", pas des maximisateurs, à cause du manque d'information précise, et donc de la connaissance imparfaite.
* Alors que le modèle néoclassique peut juste s'adapter au type A, il est complètement incorporé par le type B. Pouvez-vous voir pourquoi?
Si nous ne savons pas si un agent économique réussit ou non à réaliser ses objectifs parce que ce sont des objectifs réalisables, fixés par l'individu, l'analyse économique devient très difficile et ses conclusions vagues. La psychologie est la discipline que l'on préfère utiliser plutôt que l'économie parce chaque problème et organisation doit être vu comme unique. Ce que vous voyez comme un succès, je peux le considérer comme un échec, et
par conséquent nous ne pouvons pas nous prononcer de manière générale. Pour cette raison, le type B attire les spécialistes de la gestion qui considèrent chaque affaire séparément, plutôt que d'essayer de formuler des règles générales.
Herbert Simon, lauréat du prix Nobel et professeur à l'Université de Chicago, est parfois considéré comme le père fondateur des modèles de type B. L'encadré 1 est tiré de son discours lors de la remise du prix Nobel. Vous allez voir qu'il utilise le terme "rationalité liée". Simon entend par là que les agents économiques peuvent seulement agir rationnellement dans les limites de ce qu'ils connaissent. Au moins ils possèdent une information précise, au plus ils sont liés dans ce qu'ils peuvent rationnellement choisir de faire. Nous allons rencontrer à nouveau la "rationalité liée" dans le chapitre. Notez que sa référence au "classique" signifie la même chose que notre "néoclassique".
Encadré 1: Les théories de la firme d'affaire
Les caractéristiques générales de la rationalité liée – recherche sélective, satisfaction et ainsi de suite – ont été prises comme point de départ pour un certain nombre de tentatives de construction de théories sur les firmes incorporant des hypothèses comportementales. Des exemples de telles théories pourraient être la théorie de Cyert et March, la théorie de William Baumol de la maximisation des ventes soumises à des contraintes minimales de profit; les modèles de Robin Marris des firmes dont les objectifs sont établis en termes de taux de croissance; la théorie de Harvey Leibenstein de "l'inefficacité X" qui fait diminuer la production en dessous de ce qui est théoriquement réalisable; la dichotomie de Janos Kornai entre la gestion menée par l'offre et la gestion menée par la demande; la théorie de coûts transactionnels de Oliver Williamson; les modèles évolutionnistes de Richard Nelson et Sidney Winter (1973); les modèles de Cyert et Morris DeGroot (1974) incorporant un apprentissage adaptatif; les modèles de satisfaction explicite de Radner (1975a, b); et autres.
Caractérisé de cette manière, il semble y avoir peu de points communs entre ces théories et modèles, excepté qu'ils partent d'une façon ou d'une autre de l'hypothèse classique de rationalité parfaite dans la prise de décision de la firme. Une observation plus précise, cependant, et une description plus abstraite de leurs hypothèses montre qu'ils partagent plusieurs caractéristiques de base. La plupart partent de l'hypothèse de maximisation du profit à court terme, et la remplacent avec une hypothèse d'objectifs définis en termes de cibles – càd que ce sont à un degré plus ou moins grand des théorie de satisfaction. S'ils retiennent les hypothèses de maximisation, ils contiennent un certain type de mécanisme qui empêche le maximum d'être atteint, au moins à court terme. Dans la théorie de Cyert-March, et dans celle de Leibenstein, ce mécanisme peut être vu comme produisant "une inertie organisationnelle", dont la taille peut elle-même être une fonction des variables de motivation et d'environnement.
Finalement, un certain nombre de ces théories supposent que l'apprentissage organisationnel prend place, de sorte que si l'environnement était stationnaire pour une durée de temps suffisante, l'équilibre du système approcherait de plus en plus l'équilibre classique maximisateur de profit. Bien sûr, ils supposent aussi généralement que les problèmes environnementaux vont généralement être assez grands pour empêcher la solution classique d'être une approximation adéquate du comportement réel.
Quel est alors le statut présent de la théorie classique de la firme? On ne peut plus douter que les hypothèses micro de la théorie – les hypothèses de rationalité parfaite – sont contraires aux faits. Ce n'est pas une question d'approximation; elles ne décrivent même pas de loin les processus utilisés par les être humains pour prendre des décisions dans des situations complexes. (Notre accent)
De plus, il y a une alternative. Quand il y en a, ils y a une richesse embarrassante d'alternatives. Aujourd'hui, nous avons une grande masse de données descriptives, du laboratoire et du terrain, qui montrent comment la résolution de problèmes et la prise de décisions humaines prennent réellement place dans une grande variété de situations. Un certain nombre de théories ont été construites pour tenir compte de ces données, et tandis que ces théories ne constituent certainement pas un ensemble unique et cohérent, il y a beaucoup en commun entre elles. D'une manière ou d'une autre, elles incorporent les notions de rationalité liée: le besoin de chercher des décisions alternatives, le remplacement de l'optimisation par des cibles et des objectifs de satisfaction, et les mécanismes d'apprentissage et d'adaptation. Si notre intérêt se trouve dans une théorie descriptive de la décision (ou même une théorie normative de la décision), il est maintenant entièrement clair que les théories classiques et néoclassiques ont été remplacées par une alternative supérieure qui nous fournit une approximation plus proche de ce qui se passe réellement.
Mais que se passe-t-il si notre intérêt réside principalement dans l'économie politique normative plutôt que dans les domaines plus éloignés des sciences économiques? Y a-t-il alors une raison d'abandonner les théories familières? Est-ce que les nouveaux concepts de prise de décision et la firme ont montré leur supériorité "quant à l'analyse économique?"
Source: Extrait de Herbert A. Simon (1979) "Prise de décision rationnelle dans les organisations d'affaire", The American Economic Review 69, pages 493-513.
Nous ne parlerons plus des modèles de type B aujourd'hui. Le type B dispose plus ou moins de la théorie économique la plus courante et recherche de nouvelles explications à partir de la science du management. En particulier, le type B mène à une concentration sur ce qui est connu depuis les années 1950 comme "le comportement organisationnel". C'est un nom pour un certain nombre de disciplines qui analysent comment les décisions sont faites au sein de l'organisation. Les économistes qui utilisent les modèles de type B sont parfois appelés les économistes comportementaux".
Plutôt, nous nous concentrons maintenant sur le type A. En particulier, sur le modèle appelé l'Economie des coûts de transaction. Il y a d'autres modèles, les modèles économiques de management, qui analysent les firmes qui tentent de maximiser les ventes, ou de maximiser la croissance, ou cherchent à augmenter les prix des parts pour les actionnaires, etc. Cependant, celui qui a la plus grande influence sur la recherche économique actuelle dans le système agroalimentaire, et qui est important dans les pays en voie de développement, est le modèle des coûts de transaction.
2. LA NATURE DES COUTS DE TRANSACTION
Voici une définition.
- Les coûts de transaction sont les coût de faire un échange. Ils sont difficiles à quantifier parce qu'ils diffèrent selon l'information disponible et les personnalités des agents économiques impliqués.
A cause de ceci, ils sont rarement calculés. Ils sont plutôt utilisés dans un sens de "conscience". Par conséquent, dans ce qui suit, ne vous inquiétez pas trop de calculer les coûts de transaction. Concentrez-vous sur la compréhension de comment leur importance peut être jugée et comment ils peuvent être incorporés dans un modèle néoclassique, puisque c'est notre intention ici.
* Donc, une fois encore, que sont les coûts de transaction? Essayez de l'établir pour vous.
Les coûts de transaction sont les coûts engagés pour faire du commerce, faire des affaires, faire une vente, échanger des biens contre de l'argent, réaliser un achat, conclure un contrat. Dès qu'un échange prend place, il y a des coûts de transaction. Même dans une firme, les coûts de transactions peuvent exister. Si une partie de la compagnie vend de l'huile végétale à une autre unité qui fait de l'huile de cuisine en bouteille, pas exemple, comme cela se passe au sein d'Unilever, il y a des coûts internes de transaction.
Certaines compagnies utilisent "l'outputting". Par exemple, Toyota au Japon (véhicules) et Benetton en Italie (habillement) utilisent de nombreux distributeurs qui se situent à l'extérieur de la compagnie pour produire les composantes du produit final, plutôt que d'utiliser leurs propres usines. Depuis longtemps, l'Ile Maurice est connue pour importer des textiles et les transformer en tissus et vêtements finis pour l'exportation. De telles transactions impliquent des coûts de transaction. Comme nous verrons plus tard, le système agroalimentaire a beaucoup d'exemples similaires.
Dans l'Economie des coûts de transaction, les coûts de transaction sont souvent divisés en groupes tels que ceux qui suivent.
- Les coûts d'information: trouver ce qui est disponible du côté des clients potentiels (du point de vue du vendeur) et des offreurs potentiels (du point de vue du consommateur); quels sont les prix courants pour différents produits offerts, et quel sorte d'échanges sont faits.
- Les coûts de négociation: avoir trouvé quelqu'un avec qui faire affaire, qui est honnête et semble avoir le droit d'échanger ce qu'il détient avec vous, voilà les coûts de la conclusion d'un contrat. Cela peut être aussi simple que de dire "Je voudrais avoir un kilo de tomates et payer le prix afficher, merci". Ou cela peut être un contrat écrit compliqué établissant les détails de la spécification du produit, du timing, de la livraison, des termes de paiement, et d'autres clauses. Tout simplement, au plus les négociations sont compliquées, au plus les coûts de transaction impliqués sont élevés.
- Les coûts de contrôle: s'assurer que l'on adhère au contrat. Si le contrat est brisé par une des parties, il doit y avoir une manière de recourir au contrat et d'exécuter les revendications d'une partie vis-à-vis d'une autre. De nouveau, si une des tomates est mauvaises, vous pouvez simplement la rejeter; si un contrat écrit compliqué est cassé, vous devrez aller au tribunal pour rechercher un dédommagement et une compensation. Ce sont les coûts de contrôle d'un accord.
- Coûts liés à la spécificité de l'avoir: Ce terme étrange signifie simplement les coûts de capital encourus en vue de faire un échange particulier. Par exemple, un fermier peut être obligé par contrat d'investir dans un équipement amélioré avant d'approvisionner un transformateur. Sans l'accord, il n'entreprendrait pas l'investissement, de sorte que le coût d'opportunité de l'investissement fait partie des coûts de transaction.
Note: Les économistes considèrent souvent les trois premiers comme les "coûts de transactions" et traitent le quatrième séparément parce qu'il concerne des circonstances spécifiques.
Essayez cette question, pour voir si vous avez saisi l'idée.
* Pouvez-vous trouver des exemples de coûts d'information, de négociation, de contrôle et liés aux avoirs quand,
- un commerçant achète un camion plein de melons?
- Un fabricant de fromage commande une offre journalière de lait?
- Un abattoir achète du bétail à une vente aux enchères?
- Un consommateur achète un sac de farine sur le marché d'un village?
J'espère que vous pouvez voir que dans ces dans, les coûts de transaction ne varient pas seulement selon la nature de l'échange, mais aussi selon les personnalités impliquées. Deux personnes différentes vont avoir des coûts de transaction différents. A l'extrême, imaginez que le vendeur soit récemment devenu aveugle et que le prochain acheteur soit sourd! Aucun autre coût mesuré par les économistes ne varie avec la personnalité.
Il y a eu un certain nombre de tentatives pour mesurer les coûts de transaction dans les systèmes agroalimentaires, incluant une faite par Stephen Jaffee sur les exportations horticoles du Kenya, une par Rupert Loader sur les exportations de pommes de terre d'Egypte, et une de Jill Hobbs sur les abattoirs écossais achetant du bétail. Dans ces recherches et dans d'autres, ce qui est clair est le montant d'enquête détaillée nécessaire, et la difficulté d'épingler réellement quels coûts sont impliqués dans une transaction particulière. A la fin de ce sujet, nous allons vous montrer comment vous pouvez utiliser les coûts de transaction comme outil analytique utile pour comprendre les changements en cours dans le système agroalimentaire de votre pays (voir section 7 et l'annexe associée).
- LES SUPPOSITIONS ET HYPOTHESES DE L'ECONOMIE DES COUTS DE TRANSACTION
Quatre théoriciens en particuliers sont associés au développement de l'économie des coûts de transaction: un britannique, Ronald Coase (économiste), et trois américains, Oliver Williamson (juriste), Douglass North (historien économiste) et Herbert Simon (psychologue industriel). Trois d'entre eux ont reçu le prix Nobel pour leur travail dans ce domaine.
Nous avons déjà discuté d'une des contributions de Simon, l'idée de "rationalité liée". Le premier économiste à avoir attiré l'attention sur les coûts de transaction de manière explicite était Ronald Coase à l'Université de Chicago, comme Simon. Coase se
demandait pourquoi, si les marchés étaient un mécanisme si efficace, les firmes étaient si grandes. La réponse néoclassique était que c'était fonction des économies d'échelle et de l'adoption de nouvelles technologies. Coase n'était pas convaincu et a proposé plutôt que la raison en était les coûts de transaction élevés sur les marchés.
Il a fait l'hypothèse que les agents économiques, particulièrement les gestionnaires d'affaires, utiliseraient toujours les méthodes d'échange qui minimisent les coûts de transaction. Si ces coûts étaient bas sur les marchés, vous trouveriez beaucoup de petites firmes échangeant entre elles sur les marchés. Si ces coûts étaient élevés, les firmes échangeraient au sein d'elles-mêmes, càd qu'elles s'étendraient et incorporeraient de plus en plus d'activités au sein de la firme. Dans le jargon, elles s'intègreraient horizontalement (intégrant les activités similaires) ou verticalement (intégrant les activités séquentielles).
Par conséquent, dans le système agroalimentaire, où les firmes sont de plus en plus grandes et les secteurs de l'industrie sont plus concentrés, Coase s'attend à ce que ce soit causé par des coûts de transaction croissants sur les marchés de produits agroalimentaires.
Dans ce sens, Coase suggérait que la taille des firmes, et par là le nombre d'échanges de marché nécessaires dans la production d'un nombre donné de biens, étaient déterminés par le niveau des coûts de transaction. Ceci est illustré dans l'extrait suivant, tiré de son discours au prix Nobel. Notez la distinction entre la formation du prix sur le marché d'une part et "l'allocation des ressources par décision administrative" d'autre part.
TABLE DES MATIERES
- INTRODUCTION
- LA NATURE DES COUTS DE TRANSACTION
- LES SUPPOSITIONS ET HYPOTHESES DE L'ECONOMIE DES COUTS DE TRANSACTION
- RESUME JUSQU'ICI
- LES COUTS DE TRANSACTION ET LA GESTION DES CHAINES DE DISTRIBUTION ALIMENTAIRE
- LES COUTS DE TRANSACTION ET LA CORRUPTION
- ETUDES DE CAS
BIBLIOGRAPHIE