Cours sur le transistor à effet de champ à grille métal-oxyde
5. Le transistor à effet de champ
5.1. INTRODUCTION
Dans le chapitre sur le transistor bipolaire (Bipolar junction transistor, BJT), non avons vu que le courant de sortie sur le collecteur est proportionnel au courant d’entrée sur la base. Le transistor bipolaire est donc un dispositif piloté par un courant. Le transistor à effet de champ (EN : Field effect transistor ou FET) utilise une tension sur la borne d’entrée du transistor, appelée la base afin de contrôler le courant qui le traverse. Cette dépendance se base sur l’effet du champ électrique généré par l’électrode de base (d’où le nom de transistor à effet de champ). Le transistor à effet de champ est ainsi un transistor commandé en tension.
Fig. 1 Exemples de transistors à effet de champ typiques
Le transistor à effet de champ est un dispositif qui possède trois bornes de connexion selon une terminologie qui lui est propre. La comparaison avec le transistor bipolaire est donné ci-dessous (Fig. 2) :
Transistor bipolaire | Transistor à effet de champ |
Emetteur - (E) | Source - (S) |
Base - (B) | Grille - (G) |
Collecteur - (C) | Drain - (D) |
Fig. 2 Comparaison entre les bornes du transistor bipolaire et du transistor à effet de champ.
Le transistor à effet de champ a des caractéristiques très voisines de son homologue, le transistor bipolaire ; il possède un haut rendement, fonctionne instantanément, il est robuste et bon-marché. Il peut ainsi remplacer son cousin, le transistor bipolaire dans la plupart des applications.
Les transistors à effet de champ peuvent être beaucoup plus petits que leur équivalent bipolaire. Grâce à leur faible consommation de puissance, ils sont idéaux pour les circuits intégrés, telle que les circuits digitaux CMOS.
Le transistor bipolaire comporte deux types de constructions différentes, NPN et PNP, qui décrit l’arrangement physique des couches de type P et de type N qui le compose. On retrouve la même classification pour les transistors à effet de champ. Il y a les transistors à effet de champ à canal n (EN : Nchannel FET) et ceux à canal p (EN : P-channel FET)
Le courant entre l’électrode de drain et de source va passer dans un canal (EN : channel) qui peut être constitué soit d’un semiconducteur de type p, soit d’un semiconducteur de type n. Le contrôle de ce courant se fait au travers de la tension appliquée sur l’électrode de grille (EN: gate).
Comme son nom l’indique, les transistors bipolaires sont « bipolaires », parce qu’ils emploient deux types de porteurs de charges, des électrons et des trous. Le transistor à effet de champ est au contraire un dispositif « unipolaire » qui dépend seulement de la conduction d’électrons (canal n) ou de trous (canal p).
Le transistor à effet de champ a un avantage majeur sur le transistor bipolaire, son impédance d’entrée (Rin) est très élevée (Mega Ohm), alors que celle du transistor bipolaire est comparativement basse. Cela a deux conséquences. D’une part, le courant de grille, de même que la consommation sont extrêmement bas. D’autre part, cela signifie que ces composants sont très sensibles à l’électricité statique (EN : Electrostatic discharge ou ESD).
Il y a deux types principaux de transistors à effet de champ, le JFET (EN : Junction Field Effect Transistor) et le IGFET (EN : Insulated-gate Field Effect Transistor) qui est plus connu sous le nom de MOSFET (Metal Oxyde Semiconductor Field Effect Transistor).
5.2. LE JFET
Nous avons vu précédemment que le transistor bipolaire est construit en mettant bout à bout deux jonctions PN au travers desquelles le courant émetteur-collecteur va passer. La construction du JFET est très différente. Celui-ci est principalement constitué d’un canal, c’est à dire d’un matériau semi-conducteur de type P ou de type N qui permet aux porteurs majoritaire de circuler entre le drain et la source (Fig. 3)
Fig. 3 Structure de base du transistor JFET à canal N.
Il y a deux type de transistors JFET: les JFET à canal N et les JFET à canal P. Le JFET à canal N est dopé avec des donneurs et la conduction est dominée par le flux de porteurs majoritaires, soit des électrons. De la même manière, le canal P est dopé avec des accepteurs et la conduction se fait par les trous.
Il y a également un troisième contact, qui est appelé la grille (EN: gate). Celui-ci est constitué d’un matériau de type P (resp. de type N dans le cas d’un JFET à canal P) formant ainsi une jonction PN avec le canal.
Les symboles ainsi qu’une représentation schématique des transistors JFET à canal N et P sont donnés ci-dessous.
Fig. 4 Représentation schématique d’un JFET à canal N et à canal P ainsi que leurs symboles respectifs.
La majeure partie des transistors JFET sont à canal n et nous nous concentrerons sur ce type dans les explications ci-dessous.
Le canal n du transistor à effet de champ représente un chemin résistif. La jonction PN entre la grille et le canal est polarisée en inverse. Il en résulte une zone de déplétion (non conductrice). Lorsque la tension de grille est de 0V (VGS = 0) et qu’une petite tension (VDS), est appliquée entre le drain et la source, la zone de déplétion est très fine. C‘est là que le courant à travers le canal, ID est le plus grand. Ce courant s’appellera le courant maximum de saturation (IDSS). Le JFET est alors fortement conducteur.
Comme la jonction PN grille-canal est polarisée en inverse, le courant qui va la traverser sera très faible et sera même fréquemment négligé. Dans ce cas, le courant de source (IS) sera égal au courant de drain
(ID).
IG = 0 ? ID = IS
Si l’on applique maintenant une tension VGS négative, alors la couche de déplétion devient plus grande. La section du canal devient alors plus faible (Fig. 5), réduisant le courant qui le traverse. La résistance du canal est ainsi augmentée.
Si l’on continue de réduire la tension de grille, le courant diminue jusqu’au point où celui-ci devient zéro. La tension à laquelle le canal est fermé s’écrit (VGS off).
Fig. 5 Rétrécissement du canal en fonction de la tension de grille VGS appliquée.
L’amplitude du courant circulant dans le canal drain-source est ainsi contrôlée par la tension appliquée sur l’électrode de grille. Le canal se comporte comme une résistance ohmique ajustable au travers de la tension de la grille (Fig. 6)
Fig. 6 Transistor JFET dans la zone ohmique. Le courant ID est proportionnel à la tension VDS et la pente est réglable à l’aide de la tension VGS.
Considérons maintenant le cas où la tension VDS devient importante. Un gradient de tension se forme ainsi le long du canal. La tension devient de moins en moins positive en allant du drain à la source. La jonction PN est ainsi fortement polarisée en inverse près du drain et faiblement près de la source. La largeur du canal augmente ainsi; près du drain la zone de déplétion est plus large et le canal est plus étroit (Fig. 7). Ce rétrécissement de la section du canal va réduire la résistance de celui-ci.
Fig. 7 Géométrie du canal lorsque la tension VDS devient importante
Si maintenant la grille est connectée à la source et que l‘on augmente la tension drain-source VDS, le courant va augmenter jusqu‘à ce que le canal soit complètement fermé (Fig. 8). Cette tension (VP) est appelée la tension de pincement (EN : pinched-off voltage).
Fig. 8 Pincement du canal JFET
On trouvera par ailleurs la relation suivante :
VP = -VGS off
Dès qu‘il y a pincement du canal, le courant ID cesse de croître et VDS a peu ou plus d’effet. Seul VGS permet alors de contrôler le courant dans le canal. Le transistor se trouve alors dans sa zone active (aussi appelé zone de saturation) et il fonctionne comme une source de courant contrôlée par la tension de grille.
Remarque : Le JFET à canal P fonctionne de la même manière que le JFET à canal N décrit ci-dessus à la seul différence près que :
1) Le courant dans le canal est dû à la conduction des trous et non des électrons. Il est donc inversé.
2) La polarité de la tension de grille doit être inversée afin de polariser la jonction PN dans le bon sens.
5.2.1. Le modèle du JFET
Le JFET agit comme une résistance contrôlée dont la résistance (RDS) varie entre zéro lorsque VGS = 0 et devient maximum lorsque la tension de grille devient très négative. Dans les conditions normales, la tension de grille est toujours négative par rapport à la source. Il est essentiel que cette tension ne devienne jamais positive. En effet, dans ce cas, la diode PN deviendrait alors passante et tout le courant de drain passerait par la grille, ce qui endommagerait le JFET.
La caractéristique typique d’un transistor JFET à canal N est donnée ci-dessous (Fig. 9):
Fig. 9 Symbole et caractéristique de sortie typique d’un JFET.
La Fig. 9 définit les quatre zones de travail d’un JFET :
• La zone ohmique (EN: Ohmic region): Lorsque VDS est très petite, le JFET fonctionne comme une résistance contrôlée.
• La zone de blocage (EN: Cutoff region): Lorsque la tension VGS est suffisamment négative, le canal est fermé et le courant ID=0. Le JFET est alors similaire à un circuit ouvert.
• La zone active ou de saturation (EN: active or saturation region): Le JFET agit comme une source de courant contrôlée par la tension de gate. La tension drain-source VDS a peu ou pas d’effet dans cette zone.
• La zone de claquage (EN: breakdown region): La tension VDS entre le drain et la source est suffisamment haute pour créer un claquage du canal résistif. Le courant ID augmente alors de manière incontrôlée. Cette région n’est pas indiquée sur la Fig. 9. Elle se situerait sur la partie droite.
De la même manière, on peut définir la caractéristique de transfert du transistor JFET (Fig. 10).
Fig. 10 Symbole et caractéristique de transfert typique d’un transistor JFET
Le courant de drain ID est égal à zéro (ID=0) lorsque VGS = VGS off. Il croit jusqu’à un courant maximum IDSS lorsque VGS = 0. Lorsque le transistor est dans la zone de saturation (ou zone active), la caractéristique de transfert complète peut être calculée à l’aide de la relation suivante :
2
?
ID = IDSS??1? VVGSGSoff ????
?
Et en connaissant le courant ID et la tension drain-source VDS, on peut calculer la résistance du canal à l’aide de la relation suivante :
RDS = ??VIDSD
Les équations décrivant le JFET dans ses différentes régions sont données dans la Fig. 11
Fig. 11 Equations caractérisant le transistor JFET
5.2.2. L’amplificateur JFET
De la même manière que le transistor bipolaire, le JFET peut être utilisé comme étage d’amplification (Fig. 12) avec une caractéristique très semblable à celle du bipolaire. L’avantage principal du JFET réside essentiellement dans la très importante impédance d’entrée.
Fig. 12 Le JFET utilisé comme amplificateur
Ce montage source commune est polarisée par un diviseur de tension formé par les résistances R1 et R2. La tension aux bornes de la résistance de source est généralement fixée à 25% de VDD, soit :
Vs = IDRS = V4DD
Après avoir choisi le courant de drain, on peut déterminer la valeur de la résistance de source RS.
Vs = VG ?VGS
ID = RVsS = VG R?SVGS
Comme le courant de grille est zéro la tension peut directement être calculée par :
VG =????R1R+2R2 ????VDD
Le film ci-dessous offre un bon résumé du fonctionnement des transistors JFET : •
5.3. LE MOSFET (EN : METAL OXIDE FIELD EFFECT TRANSISTOR)
De la même manière que le transistor JFET, il existe un autre type de transistor à effet de champ dont la grille est électriquement isolée du flux principal de courant dans le canal. Il s’appelle le transistor à effet de champ à grille isolée ou IGFET (EN : Insulated Gate Field Effect Transistor). Le type le plus courant d’IGFET et le MOSFET (EN : Metal Oxide Semiconductor Field Effect Transistor).
Le nom des électrodes du MOSFET sont similaires au JFET : Grille, Drain, Source. Il existe également une quatrième électrode qui contact le substrat (EN : bulk or body). Cette électrode est généralement court-circuitée avec l’électrode de source et sa représentation est souvent omise.
5.3.1. La structure du MOSFET
Le MOSFET est un dispositif dont l’effet de champ est contrôlé par une tension. De la même manière que le JFET, le MOSFET correspond à une résistance dont la valeur est contrôlée par la tension de grille. La dimension de la technologie est caractérisée par la longueur L défini sur la Fig. 13. Ainsi lorsque L=0.18?m, on parlera ainsi de technologie 0.18?m.
Fig. 13 Vue d’un MOSFET en 3D (gauche) et en coupe (droite)
Le transistor MOSFET diffère du JFET car son électrode de grille est électriquement isolée du canal semiconducteur par un oxyde mince. Cette isolation par rapport au canal lui donne une résistance d’entrée extrêmement élevée, soit dans les Mega-ohms. On considérera souvent qu’il n’y a pas de courant qui circule à travers la grille.
De la même manière que les JFET, cette résistance d’entrée très élevée permet l’accumulation de charges électrostatiques importantes. De ce fait, les MOSFETs sont sensibles aux décharges électrostatiques (ESD) et doivent être manipulés en conséquence.
Comme le courant de grille est extrêmement petit, on pourra considérer que le courant de drain est égal au courant de source :
IG = 0 ? ID = IS
Il existe deux types de transistors suivant le dopage du canal. Les MOS à canal P ou PMOS et les MOS à canal N ou NMOS. Ces deux types se sous-divisent en deux :
• Les transistors à dépletion ou appauvrissement (EN: depletion) : Ces transistors nécessitent une tension grille-source VGS afin de bloquer le transistor. Ils sont équivalents à un interrupteur normalement fermé (EN: Normally closed)
• Les transistors à enrichissement (EN: enhancement): Ces transistors nécessitent une tension grille-source VGS afin d’enclencher le transistor. Ils sont équivalents à un interrupteur normalement ouvert (EN: Normally open)
Les symboles et la structure de base des deux configurations de MOSFET sont donnés ci-dessous:
Fig. 14 Symboles et structure des MOSFETS à canal n ou p.
Les quatre symboles des MOSFET ci-dessus montrent une électrode additionnelle appelée substrat. Celle-ci n’est pas utilisée comme entrée ou sortie, mais pour fixer le potentiel du substrat. Cette électrode est souvent omise dans le symbole.
Dans les symboles ci-dessus, la ligne qui relie le drain à la source symbolise le canal. Si la ligne est continue alors il s’agit d’un transistor à « déplétion » (normalement conducteur) et si la ligne est discontinue il s’agit d’un transistor MOSFET à enrichissement (normalement bloqué). La direction de la flèche indique s’il s’agit d’un dispositif à canal p ou à canal n.
5.3.2. Principe de fonctionnement du MOSFET
La structure du MOSFET est très différente de celle du JFET. Le MOSFET à déplétion et celui à enrichissement utilisent le champ électrique produit par l’électrode de grille afin de changer le nombre de porteurs de charges (électrons pour un canal n ou les trous pour le canal p) dans le canal. L’électrode de grille est placée au dessus d’un oxyde mince alors que les électrodes de drain et de source sont placées sur une zone de type n (voir Fig. 15).
Fig. 15 Représentation schématique du transistor MOSFET
Dans le cas du JFET, nous avions vu qu’il était nécessaire de polariser la jonction PN en inverse. Dans le cas du MOSFET, cette limitation n’est pas présente. La grille peut être polarisée positivement ou négativement. Cette propriété le rend particulièrement adapté pour être utilisé comme interrupteur ou comme porte logique car il est non-conducteur sans avoir besoin d’appliquer une tension. De plus, le fait qu’ils aient une très grande résistance de grille signifie que sa consommation est très faible.
Nous allons maintenant voir plus en détails les deux types de transistors MOSFET, les transistors à enrichissement et les transistors à déplétion.
Le MOSFET à enrichissement
Le transistor MOSFET à enrichissement est plus courant que celui à déplétion. Dans ce cas, Il n‘existe pas de canal entre les zones de type n de la source et du drain car le canal n’est presque pas ou pas dopé, il est ainsi non-conducteur. Le chemin entre les électrodes Source et Drain est bloqué. La résistance source-drain se monte à quelques T?! Le transistor est ainsi bloqué (EN : Normally « OFF »).
Un courant ne circulera au travers du canal drain – source que si la tension de grille (VGS) est plus élevée que la tension de seuil (EN : threshold voltage) (Vth). La tension positive va repousser les trous hors du canal en attirant les électrons vers la couche d’oxyde (Fig. 16). Le canal est ainsi formé et le courant peut circuler.
Fig. 16 Représentation schématique de la formation du canal dans un MOSFET
Dès qu‘une petite tension VDS est appliquée entre la Source et le Drain (max 0.2V), un courant peut s‘écouler. Le MOSFET est dans le domaine Ohmique. La conductivité de ce canal est proportionnelle à la tension de grille VGS. (Fig. 17).
Fig. 17 Caractéristique d’un MOSFET dans la région linéaire ou ohmique.
Si la tension VDS est encore augmentée, il y a une perte de tension VDS le long du canal. Il en résulte que la tension entre la grille et les différents points le long du canal est variable. Elle varie entre VGS (à proximité de la source) à VGS - VDS (à proximité du drain). Comme la profondeur du canal dépend de cette tension celle-ci sera variable le long du canal (Fig. 18).
Lorsque la tension drain-source VDS atteint une valeur telle que la tension grille-canal côté drain atteint la tension de seuil, c'est-à-dire : VGS - VDS = Vth la profondeur du canal à l'extrémité drain devient voisine de 0; on dit qu'il y a pincement (EN : pinch- off) du canal ou saturation du MOSFET (Fig. 18).
Fig. 18 Allure du canal lorsque la tension VDS augmente. On remarque la profondeur variable du canal
(gauche) qui peut conduire au phénomène de pincement (droite)
Toute augmentation de VDS au delà de cette valeur sera sans effet sur l'intensité du courant Drain ID. On remarquera que la caractéristique du MOSFET (Fig. 19) devient plate dans la zone de saturation.
Fig. 19 Symbole et caractéristique du MOSFET à canal n à enrichissement.
Vous trouverez ici une animation Flash permettant de voir l’effet des tensions sur le MOSFET à canal n :
Les MOSFETs à enrichissement sont d’excellents interrupteurs dus à leur faible résistance lorsqu’ils sont enclenchés et à leur extrême résistance lorsqu’ils sont bloqués. Ces circuits sont utilisés dans les circuits logiques et dans les circuits à commutation de puissance sous la forme de circuits CMOS (Complementary MOS). Ces circuits utilisent des PMOS (Canal P) et des NMOS (Canal N) qui fonctionnent de manière complémentaire (voir plus loin)
Le MOSFET à déplétion
Le MOSFET à déplétion est moins usuel que le MOSFET à enrichissement. Il est normalement conducteur (EN : normally « ON ») sans l’application d’une tension de grille. Cependant, l’application d’une tension grille-source (VGS) va bloquer le dispositif, de manière similaire à un JFET. Pour un MOSFET à canal N, une tension de grille positive va élargir le canal et accroitre le courant drain source. Si la tension de grille est négative, le courant sera au contraire réduit (voir Fig. 10).
Fig. 20 Symbole et caractéristique d’un MOSFET à déplétion à canal n
5.3.3. Modélisation du MOSFET:
Pour de faibles valeurs de VDS, la caractéristique du MOSFET est linéaire et ce dernier peut être modélisé comme une résistance dont la valeur RDS vaut :
R DS =?VDS = 1
?ID 2K(VGS ?Vth )
Où K est le paramètre de transconductance en [A/V2] qui va dépendre de la technologie et de la géométrie utilisée. On remarquera RDS peut être contrôlée par la tension VGS.
Si on augmente encore la tension VDS, le courant ID devient ensuite quadratique suivant l’équation:
ID = 2KVDS??VGS ? Vth ? VDS ??
? 2 ?
On peut vérifier que le courant est maximum lorsque:
?ID= 0
?VDS
C’est à dire que:
?VIDSD = 2K(VGS ? Vth ) ? 2KVDS = 0 ?
Ou :
VDS =(VGS ?Vth ) = VDSSat
Il s’agit de la tension de saturation. Pour des tensions plus hautes que VDSSat le canal est pincé et le courant est alors saturé à la valeur ID Sat
En remplaçant VDS Satdans ID on trouve alors le courant de saturation ID Sat :
IDSat = K(VGS ? Vth )2
Dans cette zone, le courant est indépendant de la tension VDS. La caractéristique complète du MOSFET est résumée dans la Fig. 21.
Fig. 21 Modélisation de la caractéristique du MOSFET
5.3.4. Les applications du MOSFET
Les MOSFETs sont des dispositifs actifs fabriqués à l’aide de différents matériaux semiconducteurs qui peuvent devenir isolant ou conducteur lorsqu’on applique une faible tension sur la grille. Ils sont principalement utilisés comme interrupteur (électronique digitale) ou comme amplificateur (électronique analogique). Ils fonctionnent alors dans trois régions différentes :
• La zone ohmique (EN: Ohmic region): Lorsque VGS > Vth et que VDS > VGS, le MOSFET fonctionne comme une résistance contrôlée par la tension VGS.
• La zone de blocage (EN: Cutoff region): Lorsque la tension VGS th, le canal est fermé et le courant ID=0. Le MOSFET est alors similaire à un circuit ouvert.
• La zone active ou zone de saturation (EN: active or saturation region): Lorsque VGS > Vth. Le MOSFET est dans la zone de courant constant. Le transistor est totalement passant et délivre son courant maximum ID Sat. Le MOSFET est similaire à un circuit fermé.
Le MOSFET utilisé comme interrupteur
Prenons un MOSFET à enrichissement monté comme dans le schéma ci-dessous (Fig. 22).
Fig. 22 Le MOSFET fonctionnant dans la zone de blocage
Lorsque la tension d’entrée sur la grille (Vin) est zéro, la tension grille source est inférieure à la tension de seuil et le transistor est bloqué. La résistance du canal est extrêmement élevée et le courant de drain est nul (ID = 0). La sortie VOUT est ainsi égale à la tension d’alimentation VDD. Le transistor correspond ainsi à un interrupteur ouvert (EN : switch open).
Inversement (voir Fig. 23), lorsque la tension d’entrée est à l’état haut (Vin = VDD), la tension grille source est supérieure à la tension de seuil et le transistor est saturé. La résistance du canal est extrêmement faible (RDS(on)
ID = VDD / RL.
La sortie VOUT est alors égale à VDS = 0V pour une saturation idéale. Le transistor correspond ainsi à un interrupteur fermé.
Fig. 23 Le MOSFET fonctionnant dans la zone de saturation
Si l’on regarde la caractéristique du MOSFET (voir Fig. 24), travaillant en interrupteur, celui-ci n’aura que deux états possibles se situant sur la droite de travail :
• Au point A le transistor est saturé et correspond à un interrupteur fermé.
• Au point B le transistor est bloqué et correspond à un interrupteur ouvert.
I
Fig. 24 La caractéristique du MOSFET fonctionnant comme interrupteur
Le MOSFET correspond à un interrupteur très efficace qui peut travailler à des vitesses beaucoup plus élevées que le transistor bipolaire.
Exemple d’application : l’interrupteur MOSFET
Dans le circuit ci-dessous le MOSFET à canal N est utilisé pour allumer ou éteindre une lampe (LED)
Fig. 25 MOSFET utilisé comme interrupteur
Supposons que la lampe peut travailler à V=6V, P=24W. La résistance drain source du MOSFET en saturation, RDS(on) est de 0.1ohms. Calculez la puissance dissipée dans l’interrupteur :
Le courant qui traverse la lampe est de :
P = V?ID ?ID = VP = 246 = 4A
La puissance dissipée dans le MOSFET est donnée par:
PD = ID2 ?RDS = 42 ?0.1=1.6W
Il est ainsi important dans les applications de puissance de choisir un MOSFET avec une résistance de canal RDS(on) aussi faible que possible. La perte et l’échauffement correspondant sont ainsi minimisés. Le risque que le MOSFET devienne trop chaud et soit détruit est ainsi minimisé. Les MOSFETs de puissance ont des valeurs de RDS(on)
La limitation principale d’un MOSFET est son courant maximum. Il se reflète également dans le paramètre RDS(on) car celui-ci correspond à :
RDS(on) = VIDSD
Plus RDS(on) sera petit et plus ID sera grand pour une tension VDS donnée. Il est donc a nouveau intéressant de sélectionner un MOSFET avec une résistance RDS(on) qui soit faible. Pour les applications hautes puissances, les transistors bipolaires sont généralement plus appropriés.
Interrupteur MOSFET à canal P.
Jusqu’à présent, nous avons étudié le NMOS comme interrupteur lorsque celui-ci est placé entre la résistance de charge et la masse. Dans certaines applications, il est plus pratique d’avoir la charge directement connectée à la masse. Dans ce cas, on utilise un PMOS à enrichissement (voir Fig. 26). Le transistor est ainsi directement connecté à l’alimentation, comme le serait un transistor PNP. On remarquera que la source est en haut sur ce schéma.
Fig. 26 Interrupteur MOSFET à canal P.
Dans un dispositif de type P, le courant de drain va dans la direction négative, et lorsqu’une tension grille source négative est appliquée (comme sur la figure), le transistor est passant (ON). Dans le cas contraire, il sera bloqué (OFF). Il est également possible de se passer de résistance et de connecter un PMOS en série avec un NMOS (voir Fig. 27) qui fonctionneront de manière complémentaire sous la forme de circuits CMOS (Complementary MOS).
Fig. 27 Commande moteur de type CMOS
Le moteur est connecté aux drains des deux transistors. La source du NMOS est connectée à l’alimentation négative alors que la source du PMOS est connectée à l’alimentation positive. Les grilles des transistors sont à la même tension.
Lorsque l’entrée est à son état bas, le MOSFET à canal P est enclenché et le moteur tourne dans une direction. Seule la tension d’alimentation positive +VDD est utilisée
Lorsque l’entrée est dans son état haut, le MOSFET à canal P est déclenché et le MOSFET à canal N s’enclenche. Le moteur tourne maintenant dans la direction opposée car l’entrée du moteur est maintenant connectée à l’alimentation négative -VDD.
Cette même technologie se prête très bien à l’implémentation de fonctions digitales :
Fig. 28 Inverseur CMOS
Le principe de fonctionnement est le suivant. Si l’entrée a à Vdd, (1 logique), le transistor PMOS est bloqué et le transistor NMOS conduit. La sortie y est à la masse, ce qui correspond à un 0 logique. Et inversement, si l’entrée est à la masse (0 logique), le transistor PMOS est passant, le transistor NMOS est bloqué. La sortie y se trouve à Vdd ce qui correspond à un 1 logique. La fonction est donc bien celle d’un inverseur.
Pour finir cette section on remarquera à la Fig. 29 qu’il est très facile de combiner un NMOS avec un PMOS sur le même substrat, ce qui fait l’attrait de la technologie CMOS.
Fig. 29 Coupe d’un transistor NMOS et PMOS sur un même substrat.
L’amplificateur MOSFET
De manière similaire au JFET, le MOSFET peut être utilisé comme amplificateur (Fig. 30). Le transistor utilisé dans ce cas est un NMOS à enrichissement. La grille est polarisée par les résistances R1 et R2. Le signal de sortie est inversé car lorsque la tension de grille est basse, le transistor est bloqué et VD (Vout) est élevée. Inversement, lorsque VG est élevé, le transistor est conducteur et la tension VD (Vout) est basse.
Fig. 30 Amplificateur NMOS enrichissement
5.4. Résumé sur les MOSFETs
Le MOSFET a une résistance de grille extrêmement élevée. Le courant entre la source et le drain est contrôlé par la tension de grille. En raison de cette résistance d’entrée extrêmement haute ainsi que d’un gain élevé, le MOSFET peut facilement être endommagé par l’électricité statique s’il n’est pas correctement protégé. Le MOSFET est idéal comme interrupteur électronique car sa consommation de courant est extrêmement faible. Les applications typiques du MOSFET sont les microprocesseurs, les mémoires et les portes logiques.
Art und Symbol Type et symbole | Steuer- und Ausgangskennlinie Caractéristique d’entrée et de sortie | ||
Fig. 31 Résumé des transistors à effet de champ.
5.5. Comparaison entre un FET et un transistor bipolaire
Les transistors à effet de champ peuvent être utilisés pour remplacer les transistors bipolaires dans les circuits électroniques. Une comparaison simple entre leurs caractéristiques est donnée ci-dessous :
FET | Transistor bipolaire (BJT) |
Faible gain en tension | Haut gain en tension |
Haut gain en courant | Faible gain en courant |
Très haute impédance d‘entrée | Faible impédance d‘entrée |
Haute impédance de sortie | Faible impédance de sortie |
Génère peu de bruit | Génère un bruit moyen |
Vitesse de commutation élevée | Vitesse de commutation moyenne |
Sensible à l’électricité statique (ESD) | Robuste |
Dispositif contrôlé en tension | Dispositif contrôlé en courant |
5.6. Références:
Anglais : [1], June 2012
[2] «Electrical Engineering, principles and applications», 5th edition, Allan R. Hambley, 2011
Français : [3] « Principes d'électronique : Cours et exercices corrigés », A.P. Malvino, 7ème édition, 2008
Allemand : [4] « Elektronik und Schaltungstechnik“, 2. Auflage, Hanser, 2011
5.7. Vocabulaire
English | Deutsch | Français |
Field effect transistor | Der Feldeffekttransistor | Le transistor à effet de champ |
JFET | Sperrschicht-FET | JFET |
depletion | Verarmung/selbstleitend | appauvrissement |
enhancement | Anreichung/selbstsperrend | enrichissement |
The channel | Der Kanal | Le canal |
The pinched-off voltage | Die Abschnür- oder pinch-off- Spannung Vp | La tension de pincement |