Management ethique support de cours
Management éthique support de cours
Introduction.
La décennie qui s’achève aura vu l’extension de l’espace marchand : libéralisation des marchés et des échanges, privatisations, dérégulations. Cette profonde modification de l’environnement socio-économique des entreprises a entraîné de très nombreuses modifications concomitantes des méthodes de management. Parmi, ces modifications sensibles, les préoccupations éthiques dans l’entreprise ont tenu une place sans cesse croissante débouchant sur la mise en place de comités d’éthique et de codes d’éthique. Avec l’effacement progressif d’une régulation macro-sociétale, les entreprises tentent de répondre par une régulation des comportements en interne. Parallèlement, ce nouvel environnement se caractérise pour certains (Cotta,1991) par une corruption croissante de la sphère politique par la sphère économique. A ceux qui dénoncent cette montée en puissance de la corruption, les entreprises opposent, dans le pire des cas la nécessité de faire des affaires, dans le meilleur des cas, l’engagement dans une démarche éthique ou déontologique. Dans le même temps plusieurs professions possèdent depuis de nombreuses années des règles professionnelles rassemblées dans un code de déontologie.
Dans les entreprises, l’analyse stratégique, c'est-à-dire le questionnement portant sur le domaine d’activités, sur le mode de développement de l’entreprise et sur l’agencement des ressources se complète, de plus en plus, par une réflexion sur l’éthique de l’entreprise. Jusqu’à présent, les principes directeurs qui composaient la politique générale de l’entreprise restaient largement implicites. Aujourd'hui, les entreprises mettent en place des démarches éthiques ou déontologiques formalisées. Ces pratiques s’inscrivent dans le cadre de la montée de l’entreprise relationnelle. La performance repose de plus en plus sur la qualité des relations entre les acteurs. Les allers-retours permanents entre les acteurs au sein de la firme, entre les firmes et leurs fournisseurs, leurs clients, leur environnement sont au cœur de l’efficacité. Ces interactions étant susceptibles de provoquer des conflits éthiques, il est devenu opportun de formaliser des valeurs et des règles de conduite. La société, les revues académiques, des chercheurs s’emparent alors de cette problématique sans que jamais une distinction précise ne soit opérée entre éthique et déontologie. Il n’existe, à notre connaissance, aucune étude empirique qui se propose de comparer ces deux types de démarche. Or, peut-on mettre sur le même plan le code d’éthique de la Lyonnaise des Eaux et le code de déontologie des experts-comptables ? De quoi parlent exactement les entreprises lorsqu’elles arguent d’une démarche éthique ? Plus généralement, qu’est-ce qui distingue éthique et déontologie ? En quoi cette distinction fait-elle sens pour le management de l’entreprise ?
Le simple recensement des codes d’éthique et de déontologie selon leur émetteur met en évidence deux groupes de codes distincts : les entreprises prises individuellement et des organismes de regroupement professionnel (syndicat, ordre). Ce premier constat suffit-il à distinguer deux catégories d’objets de gestion ? Bien évidemment, non. Dès lors, une analyse systématique du contenu des codes nous a semblé un moyen de mettre en évidence des différences qui ne relèvent pas de simples questions de vocabulaire, même si c’est par ce biais que nous les analysons. Ces différences sont beaucoup plus profondes et renvoient directement à la finalité même de ces objets. Après une présentation des concepts d’éthique et de déontologie, nous mettons en œuvre une analyse de contenu de trente codes afin de mettre en évidence leurs différences. Nous proposons ensuite une interprétation de ces deux outils de gestion et en tirons des conclusions quant à leur instrumentation dans une perspective de management stratégique.
1 - Ethique et déontologie : une première approche
Ethique et morale sont deux termes voisins qui sont souvent mal différenciés dans la littérature parce qu’ils sont équivalents étymologiquement. Le terme éthique est utilisé, dès le XIIIème siècle, dans le milieu restreint des philosophes de profession et renvoie à une racine grecque : êthos (mœurs). Le premier usage attesté du terme morale dans la langue française se situe en 1530 et provient du mot latin mores (mœurs). Les philosophes américains sont généralement portés à assumer la pleine synonymie que révèle l’étymologie et font de l’éthique et de la morale un usage indifférencié. A l’inverse, les penseurs européens aiment à préciser les domaines de compétence. Selon Ricoeur (1988, p. 42), il convient de réserver le terme d’éthique pour tout le questionnement qui précède l’introduction de l’idée de loi morale et de désigner par morale tout ce qui se rapporte à des impératifs.
La morale se définit comme un ensemble de normes et de règles qui doivent s’imposer à tous, elle dit le bien et le mal, c’est donc à la fois un référentiel et un impératif. L’éthique introduit une dimension supplémentaire : elle impose de donner une place à l’individu, reconnu capable de faire valoir sa parole et ses intérêts propres. Le passage de la morale à l’éthique est celui de l’universel au particulier et traduit sa concrétisation dans l’action de chacun, pris comme un individu intégré dans un collectif de travail. Ainsi, l’éthique d’une entreprise regroupe un ensemble de principes, de valeurs et de croyances qui dirigent la conduite des individus. Elle a pour ambition de rechercher, par une réflexion personnelle, la bonne et la mauvaise façon d’agir, c'est-à-dire une sagesse de l’action. Le terme déontologie a été forgé par Jeremy Bentham dans un ouvrage posthume publié en 1834 : « Deontology or the science of morality ».
Son utilisation en France remonte au début du XX° siècle. Littéralement, la déontologie est la science des devoirs, ce qui est très proche de la définition originelle de l’éthique vue comme la science de la morale. Ce qui va progressivement différencier la déontologie de l’éthique, c’est l’usage du vocable dans des contextes bien précis : ceux des devoirs professionnels. Comme le note Couret (1992), « la déontologie est nécessairement l’expression opérationnelle d’une éthique des affaires. L’éthique donne des principes directeurs : la règle déontologique leur donne un contenu concret. ». La déontologie vise à réguler les situations couramment rencontrées par un corps de personnes exerçant un métier identifié. Elle cherche à donner impérativement à ces situations des solutions pratiques et précises définissant les règles de comportement à adopter.
L’existence d’un code de déontologie au sein d’une profession peut cependant avoir des origines différentes : soit il s’agit de professions à accès réglementé et dès lors la déontologie est un élément structurant de la profession à l’exemple des avocats ou des experts-comptables, soit il s’agit de professions dont l’accès est libre, et dès lors la déontologie est le fruit d’une auto-réglementation que s’impose les entreprises d’un même secteur à l’instar du conseil en management. Dans les deux cas, l’instance commune (syndicat, ordre, association professionnelle) est l’organe en charge de la définition des règles déontologiques, de leur mise en œuvre, des contrôles du bon respect de ces règles et des éventuelles sanctions en cas de défaillance (pénalités financières, interdiction d’exercer, exclusion).
Le recours à la formalisation d’une éthique ou d’une déontologie peut être appréhendé comme un outil de régulation des relations entre l’organisation et ses différentes parties prenantes. Une partie prenante est un groupe ou un individu qui peut affecter ou être affecté par la réalisation des objectifs de l’entreprise (Mercier, 1999, p. 61). C’est donc un acteur pour lequel le développement et la bonne santé de l’entreprise constituent un enjeu important. Cela inclut les fournisseurs, les consommateurs, les employés, actionnaires et la communauté locale. A la suite des travaux de Freeman (1998), il est possible d’interpréter l’entreprise comme un nœud de contrats entre les dirigeants et ses parties prenantes. Les dirigeants contractent, en effet, avec toutes les parties prenantes, de façon directe ou indirecte. Il est de leur responsabilité de diriger les ressources pour obtenir des avantages aux parties prenantes légitimes (qu’elles aient passé un contrat formel ou implicite avec la firme) et pour sauvegarder le bien-être de l’entreprise.
Les codes de déontologie constituent un ensemble de règles dont se dote une profession, ou une partie de la profession, au travers d’une organisation professionnelle, qui devient l’instance d’élaboration, de mise en œuvre, de surveillance et d’application de ces règles. Le code éthique formalise les valeurs, principes et règles de conduite d’une entreprise. Il vise, par une réflexion propre à l’entreprise, à se doter d’une orientation éthique en liaison avec la culture d’entreprise. Cette autorégulation des comportements peut être qualifiée de pro-active : elle permet d’anticiper les demandes de nature sociétale. C’est une possibilité pour l’entreprise de promouvoir des normes de comportement qui satisfont aussi bien ses propres intérêts que les attentes des acteurs extérieurs. Guillon (1994, p. 10) indique que cette volonté de devancer les pouvoirs publics dans leur mission législative permet d’éviter de se faire imposer une norme voire même d’influer sur la fixation de celle-ci.
Cette distinction entre éthique et déontologie est-elle recevable ? L’enjeu de notre étude est de préciser la nature des démarches éthiques et déontologiques et d’en dégager les implications stratégiques. Pour ce faire, nous mettons en œuvre une méthodologie rendant possible une comparaison des codes d’éthique et de déontologie sur une base statistique.
2 – Méthodologie et résultats de la recherche
2.1. Méthode employée et champ de l’analyse
La méthodologie s’appuie sur la statistique textuelle (Lebart, Salem, 1994). Celle-ci permet de mener une analyse de contenu sur la base lexicale des codes. Ce type d’analyse, sans se substituer totalement à une analyse de contenu classique, permet d’établir des comparaisons entre textes en éliminant le biais inévitable de l’analyste, même avec un processus d’inter-codage avec plusieurs évaluateurs (Bardin,1993; Thietart & alii,1999, Weber, 1990). Cette technique, à la frontière de la linguistique et de la statistique exploratoire multidimensionnelle, permet d’analyser des textes importants sur la base de tableaux de contingences lexicaux particuliers : l’individu statistique est constitué par une occurrence d’une unité textuelle (mot, lemme, segment, segment répété). Un texte se caractérise par des fréquences élevées de mots ou de segments de mots. La caractérisation du texte est permise par la recherche de spécificités et de formes caractéristiques sur la base du calcul des valeurs-tests. Celles-ci comparent la moyenne d’une variable au sein d’une classe à la moyenne générale en tenant compte de la variance de cette variable dans la classe. La valeur-test est ensuite centrée et réduite pour une plus grande facilité d’interprétation (Lebart & Salem, 1994 ; Lebart L. & alii, 1995).
Nous avons utilisé le logiciel SPAD.T. L’analyse de correspondance simple (ACS) permet d’étudier les proximités lexicales et les différences entre les codes sur la base d’un tableau de contingence lexicale. Cette analyse des correspondances est elle-même complétée par une classification des textes à l’aide d’une analyse ascendante hiérarchique. Cette dernière phase permet de mettre en évidence une typologie de codes. L’analyse est ensuite affinée par une études des mots caractéristiques des différents codes. Enfin, nous reclassons les codes d’éthique et de déontologie en deux groupes afin de comprendre les dimensions sur lesquelles ils s’opposent. L’échantillon de textes étudiés se compose de 30 codes. Il est composé selon la méthode split-half : 15 codes éthiques et 15 codes de déontologie. La représentativité de cet échantillon peut s’apprécier par rapport au total de codes dénombrés en France par les auteurs dans leurs précédentes recherches : une cinquantaine de codes d’éthique (Mercier, 1997) et une trentaine de codes de déontologie (Isaac, 1996).Cette classification a priori est l’objet de l’analyse.
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Le nombre de mots décomptés fournit une première indication de la diversité des documents : le plus petit document est le code des informateurs financiers qui comprend 170 mots, le plus grand est le code édicté par IBM contenant 13 667 mots. En regroupant les textes en deux catégories : code de déontologie ou code éthique, on obtient la répartition décrite dans le tableau 2.
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Les codes éthiques sont en moyenne de taille plus élevée que les codes de déontologie. Cette très forte disparité en terme de mots indique, sans aucun doute, des différences de nature.
2.2. Analyse des correspondances simples et classification ascendante hiérarchique
Le tableau de contingence lexicale comporte 6 357 mots distincts pour un corpus total de 83 315 mots, soit 7, 63% de mots distincts. Une caractéristique intéressante de ce corpus de textes est la faible richesse de son vocabulaire. Cette « pauvreté » du vocabulaire s’explique par le fait que les codes répètent souvent les règles. L’analyse du tableau de contingence lexicale donne lieu à une représentation graphique sur les deux premiers axes factoriels (cf. Graphique 1).
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Une première lecture du graphique met en évidence plusieurs points importants. Tout d’abord, la quasi totalité des codes de déontologie se regroupent dans le quadrant SudEst (C1). On note une plus grande proximité des textes entre eux que pour les codes d’éthique qui sont dispersés de façon très différenciée dans le plan factoriel. L’analyse typologique confirme ce résultat : la variance intra-classe est la plus faible pour cette catégorie de codes (cf. Tableau 3). Ainsi, les codes d’éthique sont moins homogènes que les codes de déontologie et se répartissent en trois catégories distinctes :
- les documents édictés par Hewlett-Packard et IBM (quadrant Nord-Est) ;
- une demi-douzaine de documents se caractérisent par un profil voisin situé autour de l’origine du graphique. Parmi ces codes, il n’est pas surprenant de constater une grande proximité entre les contributions de Renault, Lagardère, Framatome et Elf. En effet, ces entreprises ont organisé des séminaires de réflexion communs pour formaliser leur éthique ;
- enfin, un ensemble de documents plus éloignés regroupe Accor, PSA, Bouygues, Lafarge et Danone.
L’analyse du nuage de mots et la projection des coordonnées des codes permettent de fournir l’interprétation suivante des axes factoriels :
- le premier axe factoriel (horizontal) oppose les codes à fort contenu axiologique (quadrant Ouest du graphique 1) à ceux à fort contenu déontologique (quadrant Est du graphique 1). Cet axe (qui exprime 6,2 % de la variance totale) opère donc une distinction entre la formalisation des valeurs et celle des règles.
- le second axe factoriel (vertical) oppose les codes à usage interne (qui se situent en haut du graphique) à ceux à usage externe (en bas du graphique). Il résume 5,8 % de la variance totale. La variance expliquée par ces deux axes est donc de 12 % mais ce total qui peut paraître peu élevé n’est qu’une mesure pessimiste de la part d’information représentée. Lebart et Salem (1994) indiquent que des faibles pourcentages peuvent très bien rendre compte de façon satisfaisante de la structure des données.
Ce traitement statistique met donc en évidence le fait que les codes de déontologie constituent un ensemble relativement homogène de règles à usage externe. De même, les codes des entreprises américaines Hewlett-Packard et IBM peuvent également s’interpréter comme un ensemble de règles mais uniquement à usage interne (ce que montre bien leur positionnement par rapport à l’axe factoriel 2). L’analyse de leur contexte d’utilisation montre qu’ils ne font l’objet d’aucune diffusion à l’extérieur de l’entreprise et qu’ils revêtent un fort caractère confidentiel. Ils constituent, en quelque, sorte, une déontologie interne à l’entreprise. Pour approfondir l’interprétation de cette analyse des correspondances, nous utilisons une méthode de classification : l’analyse ascendante hiérarchique, qui est très complémentaire de l’ACS (Lebart, Morineau, Piron, 1995). Cette analyse typologique met en évidence quatre classes que l’on a représenté par des « cercles » sur le graphique 1 et que l’on décrit en détail dans le tableau 3.
Les classes obtenues sont représentées sur le graphique de l’analyse des correspondances (Graphique 1). La classe 1 regroupe la quasi totalité des codes de déontologie à la notable exception du code des Informateurs Financiers. La classe 2 regroupe des codes d’éthique d’entreprises françaises et des filiales d’entreprise américaines (Procter & Gamble, IBM, Hewlett-Packard). La classe 3 regroupe des codes d’éthique d’entreprises françaises et s’oppose à la précédente sur la dimension valeurs/règles (cf. valeurs-tests sur l’axe factoriel F1 dans le tableau 3). Enfin, la dernière classe ne comporte qu’un seul élément, le code d’éthique d’Accor. Il est, à présent, possible d’interpréter cette classification qui corrobore et complète l’analyse des correspondances. Ainsi, l’opposition des codes de déontologie et d’éthique est très visible lorsque l’on examine les valeurs-tests de la classe C1 par rapport aux classes C3 et C4 sur l’axe factoriel Règles/Valeurs.
On note également une forte opposition de la classe C1 aux classes C2 et C3 sur l’axe factoriel Interne/Externe. Il est à noter que le code de déontologie des Informateurs Financiers ne fait pas partie de la classe C1. Ceci est compréhensible dans la mesure où ce code n’est pas l’émanation d’un véritable syndicat professionnel, tel que celui des experts-comptables. Il émane d’une association de responsables de l’information financière au sein d’entreprises cotées en bourse. Même si les différentes fonctions de l’entreprise revêtent une certaine spécificité technique, elles ne constituent pas un axe de regroupement des acteurs qui débouche sur la mise en place de règles structurantes et mobilisées par l’ensemble des acteurs dans des professions très diverses. Par conséquent, il n’est pas anormal que ce code ne soit pas présent dans la classe C1. La classe C1 se caractérise également par la position particulière des codes des expertscomptables et de celui des architectes (à l’extrémité Sud-Est du graphique 1). Ainsi, pour ces deux professions, le code de déontologie a une valeur comminatoire que ne possèdent pas les autres codes. Il s’agit de deux professions pour lesquels l’accès est réglementé et soumis à l’obtention d’un diplôme d’Etat.
La classe C2 comprend des documents formalisant les principes d’action de l’entreprise ainsi que les règles de comportement qui doivent guider l’action individuelle des collaborateurs dans leur activité. Le relatif éloignement des textes d’IBM et de HewlettPackard de l’ensemble des autres codes de C2 s’explique, d’une part, par leur utilisation exclusivement interne et, d’autre part, par la forte primauté des règles de conduite individuelles sur les principes d’action exprimés de façon plus globale. Ainsi, les autres codes éthiques de C2 laissent davantage de place à la formulation de la philosophie des entreprises (leurs responsabilités) vis-à-vis des autres parties prenantes : clients, fournisseurs, actionnaires, collaborateurs, concurrents, collectivité. Ces principes énoncés décrivent la conception que ces entreprises ont du management et de la conduite des affaires alors que les documents de IBM et de Hewlett-Packard énoncent les responsabilités qui incombent personnellement à chacun. Enfin, la position du document de la Lyonnaise des Eaux (en bas de la classe C2) s’explique sans aucun doute par son orientation externe. Il est fait référence au rôle du conseil d’administration de l’entreprise dans la concrétisation de cette politique éthique : les relations avec les actionnaires, la question de la rémunération des dirigeants sont des thèmes centraux. Cela traduit la volonté de l’entreprise de lier réflexion éthique et gouvernement d’entreprise notamment par la création d’un comité d’éthique.